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Travailler dur rend heureux

Réaliser un travail qui nous plait, qui correspond à nos valeurs, qui nous permet de nous sentir utile, nous procure du plaisir.

Le nouveau métier de chief happiness officer (responsable du bonheur) a le vent en poupe, mais il s’agit d’un leurre : le bonheur ne se décrète pas grâce à des postes de travail dédiés. Je ne suis par ailleurs pas convaincue que le bonheur au travail puisse exister, le bonheur étant plutôt un état émotionnel vaste qui englobe différentes facettes de notre vie.

Cependant, une organisation du travail qui accorde de la place aux prises de décision des salariés et à leur bon sens, une organisation qui place la confiance dans ses salariés au cœur de ses préoccupations, participe du bien-être au travail, et du plaisir dans la réalisation de leur métier.

Christophe Dejours, psychanalyste du travail, décrit le processus psychique qui nous conduit au plaisir : le travailleur « accepte que le travail envahisse sa subjectivité tout entière, pour devenir un travailleur habile, car c’est au prix d’une endurance à l’effort [qui empiète sur sa vie intime et familiale, voire jusque dans ses rêves] que l’idée féconde va survenir, au petit matin. Et lorsque, avec le temps et l’endurance nécessaires, on découvre une nouvelle habileté et une nouvelle intelligence, c’est une transformation de soi qui s’opère. Grâce au travail, s’accroit donc l’amour de soi et l’accomplissement de soi. »(1)

En revanche, « faire un travail qui n’a pas de sens pour soi, qui a perdu son sens, qui devient à contresens [faire le contraire de ce que l’on faisait auparavant, faire des choses que l’on réprouve] est psychiquement et physiquement très dangereux. »(2)

Il arrive que nous revivions à travers le rêve la réplique à l’identique de ces journées de travail dépourvues de sens, ce qui nous conduira à une grande souffrance physique et mentale.

Pour d’autres, le rêve sera l’exutoire de ces situations difficiles vécues au travail.

Rêver de notre travail peut nous donner la « capacité de nous adapter et de tenir dans des situations assez défavorables, voire pathogènes »(1). Ce peut être aussi le moment où l’on prend les grandes décisions quand nous sommes à bout : démissionner est parfois salutaire et permet de préserver sa santé psychique.

Un des objectifs du coaching est de donner aux salariés la possibilité de s’exprimer, de mettre des mots sur leurs maux pour trouver puis mettre en œuvre une solution qui leur convienne. Le coaching ne remplace pas les organisations du travail pernicieuses, il accompagne les prises de décisions éclairées.


Christophe Dejours, psychanalyste, est professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) où il dirige l'équipe de recherche « Psychodynamique du travail et de l'action » ; il est le fondateur de l’Institut de Psychodynamique du Travail (IPDT) de Paris.




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