Ces dernières années, nous assistons parfois dans nos sociétés démocratiques à une crise du sens au travail qui peut conduire un certain nombre d’individus à perdre leurs repères. Individualisme et souffrance au travail sont étroitement en corrélation et expliquent selon moi l’essor du coaching qui pallie la perte de collectivisme.
Le coaching, cet espace de protection pour les salariés en difficulté, permet de retrouver de l’estime de soi et donc ses repères.
En ce XXIème siècle, nos sociétés démocratiques ont atteint un degré d’évolution centré sur un individualisme triomphant : l’individu a progressivement pris une part de plus en plus active aux décisions et au fonctionnement de la société.
Il est devenu responsable de son destin : il se prend en charge, il prend en charge son avenir, il fait ses choix. Bref, il décide ou essaie de décider.
De ce fait, il aspire à plus d’autonomie, il recherche l’épanouissement tant sur le plan personnel que professionnel.
Il est important de rappeler que l’individualisme donne la priorité à l’individu sur le groupe alors que le collectivisme place au premier plan les besoins du groupe par rapport aux besoins de l’individu.
Dans les sociétés individualistes, l’estime de soi est d’abord individuelle.
Si l’individu a une estime de soi basse, il peut y être plus vulnérable que dans les sociétés où prime le collectif.
Dans les sociétés collectivistes, le bien-être de l’individu est garanti par la survie et la réussite du groupe garantissent le bien-être de l’individu, de sorte que l’on se protège soi-même en tenant compte des besoins et des sentiments d’autrui.
Ainsi, dans nos sociétés occidentales, le salarié occupe une place paradoxale, ambivalente : que ce soit pour satisfaire son organisation, mais aussi par soif de réussite, le salarié travaille toujours plus, il est disponible tout le temps, autant à la maison, que sur son lieu de travail.
Il est soumis à des pressions constantes qui peuvent lui procurer du plaisir car il se sent important, valorisé ; il sera gratifié, il peut espérer une promotion, de nouvelles responsabilités.
Cependant, en dépit de la vision de l’entreprise donnée par ses dirigeants, les consignes sur le « bien se comporter », sur la Responsabilité Sociale d’Entreprise (RSE), l’éthique, l’esprit d’équipe, l’esprit de service, l’agilité…, le fait de toujours vouloir plus, sans fin pour faire face à une concurrence démesurée peut conduire à une perte de sens et par voie de ricochet à une perte de repères pour les salariés. Le salarié ne sait parfois plus à quoi sert son travail, quelle en est la finalité.
En outre, la très grande individualisation des salariés qui se retrouvent de plus en plus isolés, dans une organisation dont ils ne comprennent plus la finalité, mais à laquelle ils sont très attachés, peut être source de mal-être, voire de grande souffrance.
Le salarié voudrait acquérir de l’autonomie dans son travail, être partie prenante des décisions prises par le management, mais quand les finalités de ses actes sont décidées par d’autres sa confiance s’effrite rapidement.
Ainsi que l’écrit la psychologue Isabelle Filliozat, « Le manque de confiance en soi est une adaptation. Il est une réaction naturelle face à la souffrance, une réaction de soumission sociale. Ce que nous nommons « confiance en soi » parle de notre position inconsciente dans la hiérarchie sociale ».
Comme nous l’avons indiqué plus haut, l’individu aimerait prendre en main son « destin » dans l’entreprise, comme il le fait dans sa vie privée.
Mais on lui en demande toujours plus et il n’est pas capable de dire non. Il n’a pas appris à dire non. Il n’a pas appris à être autonome.
Dans un tel contexte, je suis convaincue que le coaching peut être cet espace de protection, ce lieu de permission, cet espace consacré à l’individu, au salarié, où celui-ci pourra s’exprimer sans crainte de jugement, et grâce auquel il pourra se retrouver et (re)trouver sa place pour être bien avec lui-même et dans son travail.
Sources :
- Bernhardt O., Colnot F. & Vitry F. (2011). Comprendre et pratiquer le coaching personnel. Paris. Dunod
- Filliozat I. (2005). Fais-toi confiance. Ou comment être à l’aise en toutes circonstances. Paris : JC Lattès
- Fiske S. T. (2008). Psychologie sociale. Le soi : le social au cœur de soi-même. Chap. 5. p. 213-265. Bruxelles : De Boeck
- De Gaulejac V. (2009). La société malade de la gestion, idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social. Paris : Seuil. Coll. Points
- Storti C. (1999). Figuring Foreigners Out: A Practical Guide. London, Boston: Intercultural Press.
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